Voix de FUKUSHIMA Vol.2 Rev. Tokuun TANAKA

Néanmoins, on restaure Fukushima. Des volontaires reconstruisent les maisons détruites. Nous portons des vêtements de travailleurs mais durant la fête équestre de Nomaoi, nous, les jeunes, nous nous habillons en samouraïs montant sur les chevaux…
Il y avait aussi ces femmes âgées de Murakami, village situé au bord de la mer, qui perpétuaient la danse du repiquage du riz. C’était un village de soixante-quinze familles. Soixante-deux personnes sont décédées suite au tsunami et le village a disparu maintenant. Malgré cela les habitants qui ont fui le village reviennent et essaient de réactiver le festival. Ils espèrent que les gens vont saisir cette occasion pour se rassembler à nouveau. Spécialement maintenant, les gens souhaitent la tenue de ce festival pour retrouver une atmosphère où chacun se sente comme au ciel ou au paradis, riant, chantant et dansant.

Quand on observe le sol, on voit des plantes et des fleurs aux caractéristiques anormales. Deux ou trois fleurs de pissenlit s’entortillent le long d’une même tige. Elles sont parfois une dizaine. C’est un problème. Je voudrais que le ministre de l’environnement le sache. Certains disent que c’est dû à un excès d’engrais, mais il y a des trèfles qui ressemblent à des balles de golf, et on aurait vu des têtards avec des malformations.

Aujourd’hui nous réalisons ce qui est vraiment important pour nous. Ce n’est rien de spécial. C’est la vie de tous les jours. Vivre avec sa famille se dire bonjour tous les jours, avoir les visages de ses proches autour de nous, passer une journée ordinaire avec les personnes habituelles. Pendant deux ans et demi j’ai ressenti profondément à quel point tout cela m’était précieux.
D’un autre côté, on ne peut pas tout arrêter à cause de ce qui s’est passé, je sens que nous devons aller de l’avant pour les enfants, ne pas laisser un héritage négatif pour les générations qui vont suivre. Nous devons réfléchir sur le passé avant de continuer. Nous sommes tous, y compris vous-mêmes, des victimes.

J’ai mesuré ici et là les radiations. A Tokyo et ailleurs le niveau des radiations ne changeait pas beaucoup. Certes le niveau à Fukushima était élevé, 8000 becquerels à mon temple et sous les gouttières 10,000 becquerels. A Sendai le montant était de 1000 becquerels. Même à Tokyo, le niveau de radiation était par endroit de 300 à 400 becquerels et l’année dernière le niveau de contamination restait élevé près de la gare de Tokyo, là où se trouvait de l’eau de pluie stagnante. Cela montre que, où que nous soyons, nous sommes tous des victimes et il n’y a nulle part d’endroit sûr pour élever nos enfants.
En même temps, nous ne devons pas oublier que nous sommes responsables de tout cela puisque nous avons voulu et profité de la commodité et du confort de nos vies. Tout en prenant conscience de cela, nous devons réfléchir positivement et nous demander ce que nous devrions faire et comment nous devrions changer nos vies.

Récemment nous avons pu observer des changements climatiques partout dans le monde, phénomènes inconnus jusqu’à maintenant. C’est la conséquence d’une trop grande consommation des énergies fossiles. La Terre a atteint ses limites. Les Japonais sont japonais mais ils veulent être aussi citoyens du monde. Durant l’ère Edo durant laquelle le Japon était morcelé en fiefs personne ne pensait que cela deviendrait un pays uni. Vu de l’espace la Terre n’a pas de frontières. En pensant à la Terre les enfants l’imaginent comme une belle étoile bleue mais il n’en sera sans doute pas de même pour les générations futures. Les phénomènes anormaux comme les tornades, les pluies torrentielles de plus de 100 millimètres sont causés par la consommation continue des ressources souterraines et donc sont provoquées par nous. Nous devrions en être conscients et penser à utiliser davantage les ressources qui se trouvent sur terre et non dessous.