Voix de FUKUSHIMA Vol.2 Rev. Tokuun TANAKA

Le 6 octobre 2013, à Minamisoma, a eu lieu une cérémonie de plantation d’arbres pour le repos de l’âme des défunts et la restauration des lieux. Le but était de construire une forêt comme un mur face à la mer. Le concept n’était pas nouveau, on a toujours pensé que les pins rouges et noirs nous protègeraient des désastres mais cela n’a pas fonctionné et la plupart d’entre eux ont été emportés. Dans la préfecture de Miyagi, avec l’accord de tout le monde, un rempart forestier était aussi en projet, mais les autorités légales du pays ont retardé la mise en œuvre. Selon la loi, les déchets industriels ne doivent pas être brûlés et les digues doivent être en béton.
Réunis sur une montagne de décombres, nous avons élaboré un projet qui s’est vite transformé en mouvement. Pour le bien des générations futures il fallait planter des arbres,
si possible une forêt d’arbres aux larges feuilles. A Minamisoma nous avons pu concrétiser le projet avec l’ancien Premier Ministre Mr. Hosokawa à la tête du comité. 3000 citoyens et volontaires se sont rassemblés pour planter 20.000 arbres. J’aimerais que le gouvernement lu aussi se lance dans ce genre de projet.

L’accident nucléaire a été la conséquence de nos demandes continues pour une vie de confort, celle dont nous jouissons aujourd’hui. Comblé par une civilisation basée sur la consommation matérielle, nous ne pensons qu’à nos profits et pas à la mer, aux montagnes, aux générations futures dans 40 ou 50 ans, et basons nos besoins seulement sur des considérations économiques. Dans le Bouddhisme il y a une expression ‘”punition juste”. Si vous faites une mauvaise action, elle se retournera contre vous. Si nous détruisons la nature elle se retournera contre nous. Tous vous connaissez cette loi appelée le karma. L’accident nucléaire est la dernière, dernière chance pour la Terre. C’est aussi la dernière chance qui nous est donnée, à nous, survivants. De la façon grâce à laquelle nous pourrons réduire nos actions égoïstes va dépendre la manière dont nous allons vivre à partir de maintenant. Les cris de détresse de la Terre sont les signes de toutes les blessures causées par les hommes ces dernières quarante années. On prévoit déjà et pour bientôt un grand tremblement le long d’une dépression au sud-est le long de la côte sud du pacifique (NankaiTrough). Il y a des centrales nucléaires à Fukui (centrale de Monju), à Omaesaki (centrale de Hamaoka) et dans beaucoup d’autres endroits.

A mesure que nous reprenons un rythme de vie régulier nous oublions ce qui s’est passé il y a deux ans. Deux ans et demi se sont écoulés et je m’habitue à cette situation. Cela révèle notre capacité à nous adapter, mais je peux encore me souvenir de la peur causée par l’explosion nucléaire.

Qu’ils soient bons ou mauvais, les signes sont là, ne l’oublions jamais ! Quand le tremblement de terre est arrivé le 11 mars, je me suis senti plus mort que vif et je me souviens avoir pensé “ça y est ! C’est arrivé !”. Tôt ou tard le moment du tremblement de terre, le tsunami vient !
Pour parer au désastre je pense qu’il est bon d’avoir une digue comme celle dont j’ai parlé, une forêt pour apaiser les esprits et prévenir le désastre. Ce serait une grande force. Les lois que les êtres humains fabriquent sont faites pour être changées. Que ce soit les membres du gouvernement ou nous-mêmes, chacun devrait commencer par ce qu’il peut faire C’est important de continuer à avancer même à petits pas. Commençons par ce que nous pouvons faire.