Voix de Fukushima Vol.4 M. Yuichiro SATO

L’accident nucléaire a obligé la population entière à quitter Namie. Nous ne savons pas quand nous pourrons y retourner. C’est difficile d’attendre quand on ne sait pas quand l’évacuation se terminera. Elle n’a pas été provoquée par un désastre naturel mais par la fuite de radiations de la centrale nucléaire. Les jeunes ne peuvent pas être sûrs s’ils voudront revenir ou pas. Ce sera encore plus difficile pour eux s’ils ont des enfants en bas âge. Les personnes plus âgées aimeraient retourner dès que possible, ou tout au moins pendant leur vie. La vie est vraiment très dure pour les habitants de Namie.

Cela fait 40 ans que la centrale nucléaire Daichi de Fukushima a été construite. Pendant toutes ces années la ville et la préfecture ont reçu des subventions de Tokyo Electric Power Company. Ont-ils dépensé l’argent seulement dans le but de construire des installations publiques ? Comment ont-ils utilisé l’argent ? Ont-ils jamais imaginé la possibilité d’un accident et comment traiter les fuites de radiation ainsi que le processus de décontamination ? Cela me rend furieux quand j’y pense. Je suis né il y a 58 ans à Namie et je pensais que je vivrais dans ma ville natale toute ma vie. Mais l’accident nucléaire a changé mon travail, mes plans et toute ma vie. Cela nous a obligé à quitter notre maison pour aller vivre dans un logement provisoire sur une terre inconnue. J’en ai assez de tout ça.

J’ai appris qu’il y a 54 réacteurs nucléaires au Japon, et que les autres réacteurs vont être fermés pour inspection. C’est la première fois que tous les réacteurs seront inactifs et je pense que c’est une occasion rare pour agir. Si nous n’arrêtons pas les centrales nucléaires maintenant, nous n’aurons pas de seconde chance. Si nous ne réfléchissons pas à ce que nous pouvons faire maintenant je ne pense pas que nous n’en aurons jamais l’occasion. Quand vous avez une usine nucléaire dans votre ville ou votre village, vous recevez des subventions, le budget s’améliore, on crée des emplois et vous pensez que l’avenir est sécurisé. Vous êtes fier de ne pas avoir à travailler dur, tout en dépendant du mythe de la sécurité jusqu’à ce qu’un accident arrive. En cas d’accident les compagnies d’électricité n’endossent pas la responsabilité, en disant que c’est en dehors de leurs prévisions. Avant de verser des remboursements une reconnaissance des dégâts et des excuses sont possibles. Les responsables baissent leur tête comme si tou avait été prévu, mais quand vient le moment de payer, ils font tout pour économiser un yen.