Avant de s’installer dans les hébergements provisoires, les habitants ont été obligés de déménager au moins 7 ou 8 fois. Au début, ils se sont mis à l’abri dans le gymnase, où la vie privée était empiétée, puis ils ont déménagé dans des auberges ou des hôtels. Ils se sont finalement déplacés dans les hébergements provisoires. Les salles d’hébergement sont toutes petites, les murs sont minces, alors on peut entendre tous les sons de l’extérieurs. La salle est tellement petite que les adultes ne peuvent pas regarder la télévision quand les enfants font leurs devoirs et les enfants qui préparent un concours ne peuvent pas trouver d’endroit pour travailler au calme. Dans ces circonstances, certains ont déménagé plusieurs fois dans des maisons louées par la préfecture ou chez des parents pour trouver un logement apaisant.
Qu’est-ce que provoquent ces situations ? L’écroulement de la communauté. Les hommes ont besoin de relations humaines. Chaque fois qu’ils déménagent, ils se séparent de leurs amis et de leurs proches, et ils se retrouvent seuls. Ils doivent reconstruire leur cercle de connaissances à zero. Dans certains cas, les enfants et même les adultes n’arrivent pas à se familiariser avec un nouveau milieu. Maintenant, 3 ans ont passés depuis que les habitants ont commencé à vivre dans les hébergements provisoires. Les gens les plus autonomes prennent leur indépendance : la personne élue présidente de l’association résidentielle quitte l’hébergement provisoire la première. Après, il faut élire la suivante. Mais comme parfois certains refusent la rotation du personnel, c’est un travail difficile de regrouper toute la communauté.
Une enquête effectuée auprès des réfugiés 1 ou 2 ans après le tremblement de terre montre qu’ils voulaient en majorité rentrer à Fukushima. Pourtant, 3 ans plus tard, il y a de plus en plus de personnes qui ne veulent plus rentrer parce qu’avec le temps, ils se sont bien adaptés à leur nouveau milieu, ils ont trouvé un travail, et les enfants se sont habitués à la vie scolaire et la mènent bien, alors ils se sont attachés à cette terre. Ceux qui désirent à tout prix revenir sur leur terre sont les personnes âgées. Elles, elles veulent absolument y rentrer.
Nous avons organisé l’association « Des champs de légumes de Fukushima » à l’occasion de notre rencontre, lors d’une émission télévisée, avec des agriculteurs qui étaient dans une situation assez difficile depuis l’accident des centrales nucléaires. L’agriculture est indispensable pour la vie des êtres humains. Les autres métiers nous servent aussi mais nous pouvons vivre sans eux. L’agriculture est une collaboration de Dieu et des hommes. C’est pour nous, des êtres créés par Dieu, l’occasion de savoir que les hommes nous font vivre par sa bénédiction. Étant donné que Fukushima est la préfecture qui a le plus d’agriculteurs dans le Japon, j’ai l’impression que c’est un avertissement de Dieu au Japon, nation civilisée. Les produits agricoles sont la récolte du travail, la nourriture de la vie et la bénédiction de la terre. J’ai l’impression que nous l’oublions. Les Japonais d’aujourd’hui pensent qu’ils peuvent acquérir n’importe quoi s’il y a de l’argent. Ce n’est pas la question de penser à importer des choses d’outre-mer si on n’en a pas au Japon. C’est obscur comment les produits sont traités dans les pays étrangers où le contrôle est relâché au niveau des pesticides. Je pense que les Japonais doivent reconsidérer la base de ce que manger signifie et l’aliment qui soutient notre vie. Je veux continuer à poser cette question par l’intermédiaire de ce travail.