Voix de Fukushima Vol.10 Rev. Akira SATO

Jésus, le Sauveur qui est avec nous.

Mais lorsque je regarde à nouveau les paroles de la Bible, je me souviens du Psaume 119:71. Subir le mépris, la méfiance, connaître des souffrances que je n’avais jamais connues auparavant a été finalement bon pour moi, car j’ai appris à connaître Dieu. De plus je n’aurais jamais rencontré toutes ces personnes admirables, si je n’avais pas été sur le chemin de cette souffrance.
J’ai souffert du froid, j’ai perdu mon emploi, je n’avais plus de revenu.
Comment un homme qui se noie comme moi, pourrais-je sauver l’homme qui se noie à côté de moi ? Un homme ne pas sauver un autre homme? Je pense et c’est mon émotion, que les pécheurs ne peuvent pas sauver d’autres pécheurs. Je sais que le Sauveur doit venir en ce monde. Le Sauveur, prophétisé dans Isaïe, sera un homme de douleur qui prend ma douleur et est à mes cotes dans ma vie de refugié.
Une dame m’a dit: “Nous n’avons rien pu apporter de la maison. Nous sommes sortis de la maison, sans rien. L’usine était en danger ce jour-là, les sirènes se sont déclenchées et nous ont annoncé que nous ne pouvions rien prendre, que nous devions nous échapper par nous-mêmes. Avant, je pensais que j’avais besoin de beaucoup de choses pour vivre, maintenant, ce que j’ai me suffit. La vie nous a été donnée par Dieu, n’est-il pas naturel que Dieu nous habille et pourvoit à nos besoins? Cela ressemblait à un évangile des temps modernes: “Ne vous inquiétez donc pas, mais ayez confiance en Dieu.
Le 15 mars, quatre jours après le tremblement de terre et le tsunami, je suis allé à la recherche des membres de l’église, dispersés dans les centres d’hébergement autour de Fukushima. Au départ, 17 personnes étaient censées m’attendre. Mais en fin de compte, c’est plus de 70 personnes qui s’étaient rassemblés.
Que faire? mon cœur a battu à tout rompre, une aventure nouvelle commençait. Sans argent, sans un endroit pour dormir, sans nourriture, sans essence, sans possibilité de retour, sans projet. En une semaine, j’ai perdu trois kilos., je ne dormais que trois heures.
Finalement, j’ai demandé à une église que je connaissais de nous héberger. Mais ils m’ont dit qu’il serait difficile d’accueillir un groupe aussi important. Nous sommes restes deux jours.
Entre-temps, j’ai dû trouver un autre endroit où loger. L’église nous a fourni des nouilles et de la literie. Beaucoup de gens ont mangé avec les larmes aux yeux. Moi aussi, j’étais très ému devant mon bol de nouilles. On a dormi a trois sur un même futon, mais c’était inespéré.

Voyage sur cette terre

Au cours de notre voyage, j’ai eu l’impression que nous traversions une terre biblique. Nous avons perdu notre maison, nous voyagions tous ensemble, je me suis souvenu que l’église primitive du Nouveau Testament voyageait aussi de cette manière, sans doute, dans la persécution, la tristesse de la mort du diacre Stéphane.
Chaque rencontre et chaque adieu au cours du voyage était trop intense. Mon cœur tremblait à chaque fois, et je ressentais à chaque fois un sentiment d’urgence que c’était peut-être la dernière fois que je devais dire au revoir. J’ai essuyé des larmes en pensant qu’on ne se reverrait peut-être jamais. Lorsque nous nous sommes retrouvés après six mois, nous avons pleuré et nous nous sommes embrassés, on s’est donné des informations.
Comme l’école avait disparu, ce sont les frères et sœurs aînés qui ont enseigné aux enfants. Parfois, nous pleurions et chantions des hymnes, nous ne savions même pas si nous étions vraiment heureux ou tristes, car nous faisions à la fois des enterrements et à la fois des baptêmes. Neuf personnes ont été baptisées au cours de ce périple. J’ai pensé à l’église primitive.
Je pensais aussi à la captivité babylonienne qui était mentionnée dans l’Ancien Testament. Il devait être difficile pour les Hébreux aussi de vivre, loin de chez eux, dans un lieu qu’ils n’avaient pas désiré. J’ai pensé aux psaumes qui ont été écrits et chantés, j’ai pensé à tout l’ancien testament, j’ai réalisé que la Bible n’est pas une philosophie, mais bien la vie elle-même.
J’ai aussi pensé à la sortie d’Égypte, sous la conduite de Moïse. Moïse a voyagé pendant quarante ans et nous avons failli mourir en quatre mois. J’ai réalisé que la vie était comme un voyage. Si la vie est un voyage, alors chaque mois et chaque jour sont le chemin de ce voyage. Dieu ne veut pas seulement le résultat, mais le chemin pour y arriver. Tombés deux fois, mais avons essayé de nous relever trois fois ; nous étions comme au milieu d’une bataille, mais nous n’étions pas seuls. Dieu a dû nous regarder en chemin. Je ne savais pas si je pourrais rentrer chez moi, un jour, mais peu importe, je marchais.

Quel message venant du grand tremblement de terre

Mesdames et Messieurs, le tremblement de terre nous a envoyé de nombreux messages différents. Il y avait beaucoup de douleur, mais il y avait aussi beaucoup de beauté. Nous avons vu l’effondrement de divers murs, ne serait-ce qu’un instant. Le tsunami a frappé Hamadori, une rue qui fait face à l’océan Pacifique, où il y a beaucoup de petites églises. Le soutien des chrétiens de tout le pays et de l’étranger fut grand. Le tremblement de terre nous a rapproché de l’église comme communauté. Des personnes qui n’avaient jamais visité l’église auparavant sont venues nous voir et on s’est entraidé. On n’avait jamais vu ça jusqu’alors. De plus, il n’y avait plus ni baptistes, ni luthériens, ni aucune autre dénomination, tous, on se donnait la main.
La différence avec le tremblement de terre de Hanshin-Awaji, c’est qu’on a pu se servir de l’internet.Dès que j’ai pu taper sur l’ordinateur, j’ai reçu des messages tels que celui-ci “J’ai traduit en anglais, votre histoire et votre expérience pendant le tremblement de terre, pouvons-nous l’utiliser? Et ainsi de suite. Je ne sais pas pourquoi, mais j’en étais reconnaissant. À l’époque, nous avions 200000 communications par jour. J’étais à la fois curieux et reconnaissant.
Environ un mois après le tremblement de terre, un membre d’’église américaine est venu dans notre camp à Tokyo pour nous apporter des dons. Lorsqu’on m’a remis l’argent, j’ai regardé les images du tsunami au Japon et ce qui était arrivé aux églises. Je n’avais pas de nouvelles. Peut-être avaient-elles toutes disparues dans cette région. Par internet, j’ai pu avoir quelques nouvelles. Des bébés aux personnes âgées, tout le monde s’était enfui, en voitures. On a récolté des fonds pour les distribuer, aujourd’hui, c’est de l’Amérique qu’ils sont venus. Merci à Dieu, aussi.