Voix de Fukushima Vol.7 Mme Mikiko MATSUNO

Avec du courage, la chance nous sourira
Malgré le bateau qui nous est resté, l’avenir était incertain. Mon mari était si bouleversé que je ne pouvais pas me résoudre ni à l’emmener avec moi ni le laisser seul ici. De plus, on ne savait pas quand l’état de santé de mon beau-père allait se dégrader. La maison avait disparu, il ne nous restait rien, nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite. Je ne pouvais pas accompagner mes enfants en laissant mon mari et mon beau-père qui étaient dans l’impossibilité de s’occuper d’eux-mêmes.
De plus, si la centrale nucléaire n’explosait pas et s’il y avait une chance de reconstruire notre maison, je voudrais être là pour accueillir les enfants à leur retour. Pourtant, en même temps, je me suis reprochée de ne pas avoir été là auprès de mes enfants dans cette épreuve.
Malgré tout, monter un salon était une entreprise dont je pourrais être fière devant eux. Même si je faisais les évacuer, je voulais qu’ils pensent que ceux qui restaient faisait de leur mieux. Peut-être que je voulais qu’ils soient fiers de moi. Bien que je ne pouvais pas aller les rejoindre, tout de même, j’avais une mission à remplir !
Avec du courage, la chance nous sourira. C’est le message que je voulais faire passer. Je voulais donner à mes enfants le courage d’affronter les difficultés, quoi qu’il arrive à l’avenir.

Le salon « Makokoro », un endroit pour apprendre
Pendant les vacances d’été de cette année, j’ai ramené mes enfants à la maison pour soulager mon beau-père atteint d’un cancer en phase terminale. Ainsi, nous avons pu profiter de chaque instant en famille jusqu’au dernier jour de sa vie.
Pour les avoir rappelés ou pour ce que j’ai fait, quand ils seront adultes, peut-être qu’ils me reprocheront mon égoïsme pour les avoir ainsi bouleversés. Ils me diront peut-être alors qu’ils auraient voulu rester là-bas. Ils pourraient même me reprocher de ne pas avoir évacué avec eux et de ne pas assisté à la cérémonie de leur premier jour d’école. C’est la raison pour laquelle je voudrais faire quelque chose dont je puisse être fière pour eux. Si je le fais pour quelqu’un d’autre, alors il n’y a rien de mieux à faire, je crois.
Je pense que le salon participe à créer une nouvelle communauté. Même si quelqu’un débarque en déménageant dans un nouveau lieu, c’est pour qu’il puisse participer spontanément aux activités locales en s’adressant librement aux habitants que je tiens ce salon “Makokoro” comme un endroit où tout le monde peut apprendre.