Voix de Fukushima Vol.5 Mme Chikako YAGINUMA

La radioactivité n’est jamais bonne pour les êtres humains. L’idéal serait que la radioactivité disparaisse et que la terre retourne à son état initial. Pour nous, habitants de Fukushima, notre pays est le lieu où nos identités existent, bien qu’il soit contaminé par la radioactivité. Certains chercheurs disent que Fukushima n’est plus un endroit où l’on peut vivre et qu’il faut évacuer. Pourtant, nous ne pouvons pas abandonner notre pays si facilement. Nous vivons ici dans ce dilemme. Si votre famille est atteinte d’une maladie incurable, vous ne pourrez pas la laisser car il y a de l’amour. Comme Fukushima est un pays que nous aimons beaucoup, nous avons encore l’espoir de le sauver. Nous souhaitons entreprendre des actions afin que subsiste une possibilité de le rétablir. Nous travaillons dans cet espoir.
Chez les spécialistes, tel que je l’ai mentionné précédemment, les opinions divergent : les uns disent qu’il faut évacuer cet endroit qui est dangereux et les autres disent qu’il n’y a pas de problème étant donné l’état actuel des choses. On constate que parmi les scientifiques, ceux qui évoquent un risque sont nombreux et parmi les médecins, ceux qui mentionnent qu’il n’y a pas de problème sont nombreux. J’ai reçu un e-mail d’un médecin radiologue qui disait : « Bien que je travaille en recherches radiologiques depuis 17 ans et que je sois beaucoup plus irradié que les habitants de Fukushima, je n’ai aucun problème de santé. ». Et un médecin de Nagasaki a écrit : « En ce qui concerne la santé, le problème des maladies liées au mode de vie est beaucoup plus grave que celui de la radioactivité. ». Et lors de ma conférence à Niigata, un médecin a dit : « Les scientifiques disent que Fukushima est dangereux mais ils ne sont pas spécialistes du corps humain, donc 90% de leurs paroles sont fausses ». Les opinions sont diverses.
À Fukushima, on annonce le taux de radioactivité des régions avec la météo chaque jour à la télévision. Et on regarde encore aujourd’hui les émissions concernant le tremblement de terre tous les jours. J’ai entendu dire que ces émissions n’étaient plus émises aux autres préfectures. De ce fait, je remarque l’écart entre Fukushima et les autres préfectures. Quand je suis allée vendre des légumes à Tokyo pour la première fois, quelqu’un m’a dit « Fukushima est revenue, n’est-ce pas ? ». J’en ai perdu mes mots. Fukushima n’a même pas entamé sa reconstruction. Si les gens oublient avec la mémoire du séisme le problème de radioactivité concernant les légumes qui n’est plus remarquée, c’est bon, mais il est dommage que beaucoup de gens se soient résolus à ne plus acheter les légumes produits à Fukushima. La peine de Fukushima a été oubliée et il ne reste que les fausses rumeurs.