Voix de Fukushima Vol.10 Rev. Akira SATO

Quelle mission pour notre vie

La dernière chose que je veux parler est l’histoire d’Esther dans l’Ancien Testament. Ce personnage était une femme, ses parents étaient morts, c’était une belle femme. Elle a vécu une vie extraordinaire et est devenue plus tard une reine de l’Empire persan. Il se trouve qu’elle était belle, et donc, peut-être à la suite d’une malice historique, elle est devenue une reine. Finalement, les roues de l’histoire se sont mises en mouvement et son peuple, qui était juif, a été menacé d’extinction. Son père adoptif, Mardochée, qui l’avait élevée, est venu la voir, il lui a expliqué comment elle a pu devenir reine. Elle a été émerveillée de la bonté de Dieu. Le miracle du Salut était arrivé par elle. Le miracle du Salut passe par nous.

Je voudrais vous parler des missionnaires allemands à Okutama, Tokyo, qui ont accueilli 60 d’entre nous. Immédiatement après la catastrophe, l’Allemagne a fermé toutes les centrales nucléaires et a souhaite que les missionnaires rentrent chez eux. Mais ils ne l’ont pas fait. Qui sont-ils pour se sauver du Japon, en ces périodes difficiles? Notre désir, a nous aussi, était de retourner à Fukushima.
Ensuite, laissez-moi vous parler du nom de notre église. Elle s’appelle l’eglise baptiste Fukushima Daiichi. La centrale nucléaire a été construite plus tard à cinq kilomètres de l’église
Le missionnaire qui a travaille à cet endroit, a perdu sa femme, lui, est resté au Japon et a continué sa mission. Il y a 70 ans, il avait prévu qu’à l’avenir, il y aurait une église à Iwaki, au sud de Fukushima. Ce qui s’est donc, réalisé. Après le tremblement de terre et le tsunami, nous avons été contraints de quitter notre ville natale, laissant derrière nous notre église nouvellement construite, et avons atterri à la ville d’Iwaki, une ville dont les missionnaires avaient autrefois rêvé. L’histoire se réalise.
Laissez-moi vous raconter l’histoire du rêve de ma femme. Après le tremblement de terre, elle était tellement consternée par ce qui s’était passé qu’elle ne pouvait même pas goûter la nourriture qu’elle mangeait. Le paysage extérieur semblait à nouveau monochrome. Puis je me suis souvenu du rêve que ma femme voyait tous les jours. Ce rêve, qu’elle avait noté dans son journal quand nous nous sommes mariés. Dans ce rêve, elle voyait les chrétiens de l’église qui étaient montés dans un bus pour un voyage quelque part. Maintenant, j’ai l’impression de concrétiser ce rêve qu’elle avait à l’époque. C’est la façon de travailler de Dieu. Par le rêve il a fait comprendre à ma femme: “Tu ne dois pas être brisée dans ta vie de couple, même si ces certains jours sont parfois désagréables.

Enfin, je vais terminer par mon histoire. J’ai chargé le matériel de secours depuis Chiba et me suis dirigé vers Fukushima. La première chose que je voulais faire était d’évacuer les personnes malades. Mais ce n’était pas si facile. Certains ont dit qu’il valait mieux ne pas y aller. Ils ont dit que c’était dangereux à cause de l’explosion nucléaire. Ma fille m’a dit plus tard qu’elle aurait aimé que je ne parte pas, mais elle ne pouvait pas me le dire parce que je suis pasteur.
Je suis allée à l’épicerie qui était ouverte pour acheter de la nourriture, ensuite, je suis allé dans un grand magasin pour acheter des chaussettes d’hiver. A minuit, j’ai fait tourner le moteur du camion et je me suis dirigé vers Fukushima, sans savoir si les routes étaient praticables. Nous avons roulé toute la nuit. Nous tâtonnions dans le noir. Il y avait l’obscurité devant nous. En chemin, la route a été fissurée et écroulée.
La matinée venait de commencer à devenir blanche, et nous venions de passer la frontière dans la préfecture de Fukushima. Ma deuxième fille m’a envoyé un SMS: “Papa, j’ai eu mon diplôme. Papa, l’école où j’ai obtenu mon diplôme a été détruite et ma ville natale a disparu. Je veux aller à l’école où j’ai obtenu mon diplôme, mais je ne peux pas, alors s’il vous plaît, allez-y et encouragez tout le monde. Et allumez la radio. La centrale nucléaire a explosé et ils disent que c’est dangereux. Il faut être prudent, choisir les bonnes routes et bien conduire. je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Je suis resté éveillé toute la nuit et je l’ai montré à ma femme, qui tremblait sur le siège du passager, et elle a pleuré aussi.
Pour parler franchement, je ne suis pas né le 11 mars, le jour du tremblement de terre, par hasard. Ma vie était destinée à vivre ce moment. Si j’avais eu la trentaine, je n’aurais pas pu l’endurer; si j’avais eu 70 ans, je n’aurais pas eu la force de le faire. Je vous ai déjà dit qu’au moment de la catastrophe, j’avais perdu trois kilos en une semaine et qu’il était difficile de dormir plus de trois heures par jour et cela pendant un an. De plus, je ne pouvais pas penser plus de deux heures à l’avance. Mon cœur battait fort, constamment et je savais qu’à l’âge de 54 ans, j’avais trouvé une raison de vivre. Je suis né pour vivre ce tremblement de terre et ce tsunami.

Enfin, j’ai réalisé un livre d’images sur un chien pour le transmettre à la génération de nos enfants afin qu’ils n’oublient jamais cette catastrophe. La femme du pasteur associé travaillait comme peintre, et nous avons réalisé un livre d’images sur notre chien qui est mort dans le tremblement de terre. Ma femme a collabore à sa réalisation du livre. Toutes les histoires de chiens de ce livre d’images sont des histoires vraies.
J’ai ajouté une chapitre à la fin du livre où le chien est devenu un homme, et un homme qui parle de l’évangile.

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Ce livre d’images a été largement couvert par le Mainichi Shimbun de l’époque, mon souci fut d’aider les gens qui ont mal vécu cette épreuve, des gens déprimés ou en colère. Le message que j’ai voulu dire est que nos morts nous rappellent que nous ne sommes pas créés pour être malheureux. Dieu nous aide à vivre l’instant présent, Dieu veut notre bonheur.
Les autres livres que je voudrais vous présenter sont: “L’Église de l’enfant perdu”, écrit environ un mois après le tremblement de terre. “L’Église de l’enfant perdu”, écrit environ un an plus tard. “Church of Wings” constitue la trilogie de mon journal. Il a été traduit et publié en allemand, en anglais, en coréen et dans d’autres langues. “Chosen to Stand Here”, publié par l’Église chrétienne du Japon, est un recueil de conférences que j’ai données en divers endroits. Nous avons aussi le livre “Même si vous tombez, vous ne périrez pas”, un reportage sur notre chemin parcouru dans le désastre.
Parmi les autres livres que j’ai écrits avant la catastrophe, citons “Born of Suffering,” “Born of Prayer” et “Born of Faith.” Le “New Journey” se lit une page par jour, soit 30 pages pendant 30 jours chaque mois, ecrit surtout pour ceux qui sont nouveaux dans le christianisme, “Que Dieu vous bénisse”.
D’autres, jusqu’à Genèse 50, “Le livre entier de la Genèse”.
Il y a aussi “Vitamines A et B pour le cœur.”

Merci de votre écoute bienveillante.